Vous vous demandez peut-être pourquoi un tel engouement semble aujourd’hui porté sur les entreprises familiales à l’heure où se multiplient les « Next Gen Academy » ou encore les conseillers en succession familiale ? En effet, la concurrence entre les bureaux de consultance, les banques et les avocats ne cesse de croître sur cette question.
Recontextualisons. Dans les pays occidentaux, les entreprises familiales représentent une part de marché conséquente ainsi qu’une proportion signifiante des firmes existantes. Ainsi, on peut lire dans certains articles que celles-ci représentent 99% des entreprises en Italie, 77% sur notre territoire wallon ou encore qu’elles représentent plus de 80% des emplois aux USA.
Si les pourcentages vont bon train, la prudence s’impose pourtant. En effet, il ne semble pas y avoir de consensus sur les chiffres et la raison est la suivante : Il n’y a pas de définition homogène de l’entreprise familiale dans le milieu scientifique. Certains concluent même qu’il y aurait autant de définitions que d’entreprises familiales.
Si la définition n’est pas homogène, quelques traits communs peuvent néanmoins être mis en avant : une famille représentant la majorité de l’actionnariat, des prises de décision rapides, une vision à long-terme avec l’idée de la transmission du savoir-faire tant tacite qu’explicite, des enjeux de pouvoirs mêlés aux enjeux familiaux, bref, une épopée familiale au sein d’une firme.
Alors que la Société est en pleine mutation, que l’impression est donnée à l’abandon des repères, laissant place à l’incertitude, les organisations familiales apparaissent comme des piliers tant pour les familles que pour l’économie. Pourquoi ?
Différentes perspectives sont à distinguer. Tout d’abord, la volonté de perpétuer l’entreprise familiale est liée au désir de construire un patrimoine personnel, émotionnel ainsi que de pouvoir transmettre celui-ci aux générations suivantes. Dès lors, ces entreprises deviennent une véritable « assurance » pour les familles. Les membres de la famille choisissent d’y travailler directement ou voient la firme comme une alternative sûre s’ils devaient rencontrer un quelconque problème dans leur vie professionnelle ou celle de leurs descendants. De plus, une entreprise familiale est souvent perçue comme un lieu de partage de valeurs, un environnement de travail favorable pour l’épanouissement familial. À cela s’ajoute les prises de décisions plus rapides que dans les firmes non familiales ou encore les responsabilités qu’il est possible d’exercer en tant que membres de la famille. Enfin, c’est un élément de fierté que de voir sa famille, tout comme son propre nom, associé à une organisation perçue comme solide et durable dans le temps.
Ensuite, de par leur ancrage local fort, ces firmes font vivre les alentours et permettent dans certains cas de développer un dynamisme économique autour d’elles. La relation avec les clients et les fournisseurs est primordiale et il est accordé une grande importance au savoir-faire ainsi qu’à certaines compétences interpersonnelles transmises de générations en générations.
Enfin, le modèle se veut intéressant pour les banques et autres acteurs économiques. Plusieurs études montrent qu’aujourd’hui, les entreprises familiales, notamment en Belgique, auraient un rendement moyen qui dépasse les firmes non familiales. A cela s’ajoute la vision à long terme et le gage de continuité qui leur confèrent une certaine aura de stabilité.
Dès lors, si les secrets de cette thématique ne sont pas encore tous révélés, il est clair que l’image de durabilité que ces entreprises renvoient auprès de la Société civile reste un atout important, souvent gage de confiance, du respect des valeurs et de pérennité.
Article paru en janvier dans La Libre Belgique
Image bannière – La Libre Belgique
Raphaëlle Mattart
Chercheuse-doctorante en entreprises familiales,
HEC Liège – Ecole de gestion de l’Université de Liège