Alexis ALVAREZ, l’homme-orchestre

© François-Xavier Cardon

De l’enseignement de la langue espagnole à la musique indie pop en passant par la poésie et l’écriture : rencontre avec Alexis Alvarez, l’homme-orchestre .

Alexis Alvarez, on vous connaît à HEC Liège essentiellement comme enseignant en langue espagnole. On a pu vous découvrir également comme poète lorsque vous avez publié deux recueils de poésie intitulés « Exercices de chute » (2014) et « Une année sans lumière » (2017). Mais vos talents ne s’arrêtent pas là, vous êtes un homme multidisciplinaire : vous préparez un roman, vous vous produisez dans les salles de concerts et les festivals avec votre groupe de musique indie pop « Fastlane Candies ». Parlez-nous un peu de votre parcours.

A la base, j’ai étudié les langues romanes à Namur – dont je suis originaire – et à Louvain-La-Neuve, puis je me suis spécialisé à Madrid. Je me destinais à la recherche en littérature mais les circonstances m’ont amené à Liège, et plus particulièrement à HEC. Et ça m’a plu ! Néanmoins, l’aspect créatif lié à la recherche, à l‘écriture scientifique qui y est attachée m’a manqué assez vite. Lorsque j’étais étudiant à Louvain-La-Neuve, on avait monté un groupe musical entre amis, pour s’amuser plus qu’autre chose, et puis petit à petit je me suis rendu compte que l’écriture de chansons était une écriture à part entière. C’est elle qui m’a menée à la poésie, puis au roman.

Quand avez-vous décidé de créer votre groupe ?

Nous avons créé Fastlane Candies en 2011, avec Laurent (guitare- voix), sur les cendres d’un groupe précédent. Puis nous avons été rejoints par Sandra (Synthé-Voix) et Baptiste (Basse- Synthé). Assez vite, nous avons intégré le collectif liégeois JauneOrange, ensuite nous avons enregistré deux disques et tourné pour les défendre (Les Ardentes, Les Francofolies, Brussels Summer Festival,…). Aujourd’hui, notre nouveau disque « Polygene » sort sous le label bruxellois Freaksville Records.

Comment qualifieriez-vous votre musique ? Quels sont les thèmes chers que vous mettez en musique ?

Le groupe a pas mal évolué depuis ses débuts. Au départ, notre musique présentait un aspect folk plus prononcé, lié au fait que je composais à la guitare acoustique. Aujourd’hui, c’est Laurent qui s’occupe de la composition et moi je me concentre sur les textes et les voix. Pour « Polygene », il s’est lancé dans des compositions plus synthétiques, c’est pourquoi on pourrait aujourd’hui qualifier notre musique de « synth pop ».Pour ce qui est des thèmes, je ne fonctionne par vraiment sur base de thématiques, j’essaye plutôt de partir d’un « hook », une accroche qui sonne bien, une sorte de slogan qui fera office de refrain et autour duquel le reste du texte est construit.

Jusqu’à Polygene, vous chantiez uniquement en anglais. Vous écrivez maintenant aussi des textes en français. Pourquoi ce choix ?

En effet, sur le dernier album, je me suis mis à écrire aussi des textes en français. C’est vrai que, de base, je me suis tourné vers l’anglais parce que les groupes que j’aimais chantaient dans cette langue, et puis aussi parce que je voulais un peu me cacher derrière les textes. Je ne dis pas qu’écrire en français c’est « se dévoiler » – pour moi l’art tient de la création de soi, pas tellement du dévoilement -, mais c’est sûr, là on ne peut plus tricher. Quand on écrit des paroles en français, tout le monde va avoir « un avis » dessus, alors que l’anglais c’est beaucoup plus « passe-partout ».

Votre vie s’apparente continuellement à une démarche très entrepreneuriale. Est-ce une philosophie de vie que vous apprenez à vos étudiants de HEC ?

Il me semble que la créativité est vraiment au centre de la démarche entrepreneuriale, c’est là où le monde artistique et celui de l’entreprise se rencontrent. Mais pas seulement. On parle beaucoup de créativité, mais on parle moins de rigueur. Or aujourd’hui, un artiste doit vraiment porter plusieurs casquettes en permanence (création, enregistrement, performance live, gestion humaine – à l’intérieur du groupe, à l’extérieur, vers tous les acteurs du milieu – booker, label, promoteurs, festivals, promotion sur les réseaux sociaux, maîtrise de Photoshop, démarchages en tous genres), et sans une vraie discipline, c’est impossible. Je ne prétends évidemment pas faire ça tout seul ! Laurent, qui est un Alumni HEC Liège, promo 2000, s’implique énormément et on peut dire que tout le groupe est une « petite entreprise ». La discipline, c’est moins sexy que la créativité, mais c’est fondamental. J’insiste beaucoup là-dessus auprès de mes étudiants. J’espère que je parviens, par mon attitude et ma façon d’enseigner, à les familiariser avec le combo passion-rigueur.

Quel est votre plus grand rêve ?

Mon plus grand rêve est tout petit : aller de l’avant.

Qu’est-ce qui vous fait vous lever le matin ?

Mon agenda – s’il est vide, c’est la panique ! – C’est pourquoi je prends soin de le remplir la veille !

Comment le nom Fastlane Candies a-t-il germé dans votre imaginaire ?

Ce nom vient… d’un cheval de course appelé « Fastlane Candy », donc « Candy qui se met sur la voie rapide »… ça nous a bien plu et ça nous parlait comme idée. Alors on l’a mis au pluriel vu qu’on était plusieurs !